La plaine un jour disait à la montagne oisive :
” Rien ne vient sur ton front des vents toujours battu ! “
Au poète, courbé sur sa lyre pensive,
La foule aussi disait : ” Rêveur, à quoi sers-tu ? “
La montagne en courroux répondit à la plaine :
” C’est moi qui fais germer les moissons sur ton sol ;
Du midi dévorant je tempère l’haleine ;
J’arrête dans les cieux les nuages au vol !
Je pétris de mes doigts la neige en avalanches ;
Dans mon creuset je fonds les cristaux des glaciers,
Et je verse, du bout de mes mamelles blanches,
En longs filets d’argent, les fleuves nourriciers.
Le poète, à son tour, répondit à la foule :
” Laissez mon pâle front s’appuyer sur ma main.
N’ai-je pas de mon flanc, d’où mon âme s’écoule,
Fait jaillir une source où boit le genre humain ? “
TRADUZIONE IN ITALIANO di Andrea Giramundo
La pianura un giorno disse a la montagna oziosa:
“Niente arriva mai sulla tua fronte dai venti battuta!”
Al poeta, curvato sulla sua lira pensosa,
La folla diceva anche: “Sognatore, a cosa tu servi?”
La montagna risentita rispose alla pianura:
Sono io che faccio germogliare le raccolte sul tuo suolo;
Del mezzogiorno insaziabile tempero l’alito;
Fermo nei cieli le nuvole in volo!
Plasmo dalle mie dita la neve in valanghe;
Nel mio crogiolo sciolgo i cristalli dei ghiacciai,
Ed io verso, dell’estremità delle mie mammelle bianche,
In lunghe reti d’argento, i fiumi nutritivi.
Il poeta, a sua volta, rispose alla folla :
“Lasciate la mia pallida fronte appoggiarsi sulla mia mano.
Non ho dal mio fianco, dove trascorre la mia anima,
Fatto sgorgare una sorgente dove beve il genere umano?”
*Théophile Gautier